Prenez soin de nous
Prenez soin de nous
Exposition des diplômé-e-s 2016 de l’ESADHaR
Avec :
Vincent Benjamin, Romy Berrenger, Anouk Berthelot, Nicolas Blervaque, Romain Blois, Angélique Boudeau, Antoine Camenen, Aurélien Cardot, Pierre Clinchard, Emmanuelle Daché, Valentin Daniel, Céline Dubois, ÉQUE (Élise Crouin et Camille Demarez), Elsa Fournaise, Leïla Gadhi, Elliott Gallopin, Elizabeth González Celis, Onur Gulecek, Marie Hauchecorne, Caroline Laguerre, Lola Legouest, Aurore Levasseur, Chengcheng Li, Lin Li, Wenjie Lin, Alexis Maurice, Marjorie Ober, Maryse Poulvet, Maïlis Roëlandt, Aimy Sassoletti, Vincent Seadep, Hélène Souillard, Kévin Tessier, Camille Trimardeau, Marine Trocquet, Armand Van Mastrigt, Yao Wang.
Commissariat :
Marie Cantos
Ils-elles étaient plus d’une quarantaine, cette année, à passer leur DNSEP au sein de l’ESADHaR. Quarante et un-e l’ont obtenu. Tou-te-s ne participent cependant pas à l’exposition. C’est aussi cela, « l’après » : voguer vers d’autres horizons ou, tout du moins, prendre le large.
Ils-elles sont nombreux-ses, néanmoins, à partager avec nous leurs recherches, leurs travaux devenus des œuvres, et, d’une certaine manière, ce moment intime, si particulier, de basculement dans la vie professionnelle. Ces jeunes diplômé-e-s seront artistes, designers graphiques, médiateurs-rices, enseignant-e-s, régisseurs-ses d’œuvres d’art, etc. Certain-e-s le sont déjà. Pour eux-elles, comme pour nous, cette exposition constitue une première. Première édition d’un rendez-vous annuel attendu et d’une collaboration renouvelée avec l’ENSA Normandie qui nous accueille dans son Grand Hall. Première exposition regroupant des diplômé-e-s issu-e-s des trois départements de l’école, sans distinction, sous un commissariat extérieur.
Accepter ce commissariat aura paradoxalement signifié « refuser ». Refuser de thématiser le propos, d’emmener les œuvres sur des terrains qui leur sont étrangers, d’opérer des distinctions entre pratiques et disciplines. Refuser pour affirmer une position, des positions : de la simple distance critique au réel engagement militant. Il s’agira donc de prêter l’oreille aux conversations muettes (ou sonores) qui peuvent s’entamer entre les œuvres, les laisser se poursuivre en nous, une fois la visite terminée. Prendre le temps : de pénétrer la démarche de chacun-e, de voir ce qu’on n’aurait vu, ce à côté de quoi l’on serait passé si l’on ne s’était attardé ; éprouver la durée : celle de l’attention, dont le monde hyperactif manque et que l’expérience artistique permet.
Car l’attention pourrait être l’attitude commune aux diplômé-e-s de l’ESADHaR – attitude au sens artistique et politique. Une attention qui devient des formes, pour détourner un titre d’exposition fameux, une attention qui requiert des gestes et des procédures comme autant de manières d’être au monde : plongées vidéo dans la matière qui le constitue, avatars sculpturaux de ses constructions, images démultipliées de son quotidien, récits de récits, eux-mêmes nourris d’histoire, de philosophie, de littérature... du presque rien existentiel aux grandes luttes sociales, et vice versa.
Prenez soin de nous. Chacun-e peut faire sonner ce titre comme il-elle le souhaite (ordre, conseil, requête, supplique, déclaration, etc.) à l’instar de l’ambivalent « Prenez soin de vous » qui conclut parfois correspondances ou conversations et qui donna son titre au projet de Sophie Calle pour le Pavillon français de la Biennale de Venise en 2007. Ici, le « nous », c’est eux-elles, mais pas seulement : c’est nous, visiteur-se-s, citoyen-ne-s. Prenez soin de nous comme une adresse à tou-te-s.
