Maryse Poulvet, née le 19 mai 1993 à Rouen, est une graphiste et plasticienne. Issue d'une famille franco-philippine, son enfance est ponctuée de voyages vers le pays natal de sa mère, mais est surtout marquée, en Normandie comme partout en occident, par l'introduction massive de l'informatique grand public, d'internet, et des jeux vidéos.
Suffisamment jeune pour avoir acquis une maîtrise intuitive du monde virtuel, Maryse Poulvet prend toutefois la mesure de ce déferlement d'informations, qu'elle perçoit comme quelque chose de réel mais toutefois incommensurable. Ce paradoxe sera le moteur de ses angoisses et de ses obsessions énumératives qui ne la quitteront jamais.
Le baccalauréat scientifique en poche, fortement influencée par la culture de son père qui est ingénieur, elle envisage de poursuivre des études de physique, mais décide finalement d'entrer en école d'art. Elle n'oublie pas pour autant son goût de comprendre, modéliser, référencer les phénomènes de l'univers, puisque son travail de graphiste consistera à introduire ces questions au sein de sa pratique.
L'école des beaux-arts du Havre, ainsi que les lieux d'exposition de la scène artistique, deviennent pour elle un terrain idéal pour entretenir sa démarche. Tenant pour acquis l'impossibilité d'indexer le monde, elle crée son propre répertoire de formes. Ainsi, petit à petit, elle sculpte, photographie, récupère, fait des captures écran, réalise des objets d'édition. L'artiste utilise indifféremment plusieurs supports, lesquels pouvant à tout moment être recopiés, scannés, recyclés sur un support d'une toute autre nature. Tel un media, son travail est système autonome, subissant parfois copies sur copies, au point d'atteindre une forme d'épuisement du sens.
Outre ses installations, elle consacre également son mémoire au sujet du catalogue, (décrire les grandes lignes du mémoire). Progressivement, le monde se présente à elle comme un catalogue de textures, ce qui lui donnera l'ambition d'en faire une gigantesque base de données. Les matières sont extraites, d'instinct, de son propre quotidien. Son travail consiste à faire d'éléments du quotidien, et notamment des éphéméras collectés dans les hauts lieux de l'art contemporain, un inventaire qui pallie son obsession - voire sa névrose énumérative.
Le DNSEP obtenu en 2016, elle poursuit aujourd'hui (voir ce qu'il faut mettre comme travaux persos) et se voit travailler dans un studio de graphisme en France ou à l'étranger, idéalement en Asie, pour se rapprocher de ses racines.
Maryse Poulvet – et cætera
À la surface des sculptures de la série « Textures stratifiées »1, une infinité de détails indiscernables – issus de photographies prises par l’artiste – se combinent pour créer une texture abstraite. Ces sérigraphies sur bois ressemblent aux galaxies dont l’image, en deux dimensions, laisse le regardeur au seuil d’une expérience perceptive grandiose. Entre l’infiniment grand et l’infiniment petit, les trois sculptures forment une liste visuelle poétique qui peut être embrassée d’un seul regard.
Avec les sculptures de la série « Mousses botaniques »2 Maryse Poulvet évoque un univers marin fantastique. À la façon d’un biologiste, elle les manipule à l’infini pour explorer les combinaisons possibles. Les assemblages éphémères sont ensuite photographiés, classés et viennent enrichir les pages d’un livre d’artiste en cours de réalisation. Achever le livre des « Mousses botaniques », c’est décider d’opérer un choix radical : celui de clore la liste des combinaisons possibles et ainsi, de tenter de circonscrire l’indécidable.
Pour palier à l’impossibilité d’indexer le monde, Maryse Poulvet crée son propre répertoire de formes et tente de dessiner les contours d’un univers onirique clos et rassurant. Son obsession énumérative confronte le regardeur au vertige grisant de la « quête démesurée de la totalité par l’inventaire. Car par delà la variété des énumérations, c’est l’incomplétude de l’existence et son caractère fini qui organisent le paradoxe de la liste. »3.
Et cætera.
Marie Griffay, 2016
1 Textures stratifiées, 2016, peinture acrylique, sérigraphie et découpe laser sur panneaux Isorel. Rose : 70 x 60 x 75 cm, blanc : 69 x 48 x 100 cm, violet : 69 x 50 x 50 cm
2 Mousses botaniques, 2016, peinture acrylique sur éponges et mousse expansive, sable et plâtre.
3 Jérôme Lamy, Op. Cit.